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"Retour à Lemberg"

Dernière mise à jour : 28 avr. 2020

Fascinant, mais des questions importantes en rapport au génocide des Arméniens et à la lutte contre les causes profondes des violations des droits humains.


Alexis Krikorian

Un mot nouveau, qui a été employé à l’occasion du Procès de Nuremberg. (...). L’acte de génocide cible un groupe ethnique dans sa totalité, et ses actions visent les individus non pas en tant que tels mais comme membres de ce groupe. (...) Nous lisons ces lignes, nous suivons le procès de Nuremberg — et notre pensée va vers un monde lointain où, de la même façon, il y a trente ans, se sont produits des «crimes de guerre». Selon un plan conçu et prémédité afin d’anéantir un peuple abandonné et sans défense, au cours de la Grande Guerre. En ce temps-là aussi, les mêmes méthodes planifiées à l’avance — décimer les leaders, désagréger toute organisation,

détruire, assécher à la racine toute vie politique, toute forme d’organisation sociale, culturelle et économique. Puis massacrer en groupe, en masse, exterminer. Sur place, sur les routes de la déportation ou dans les déserts. Exterminer par l’épée, le poignard, le fusil, le canon, la hache, les pierres, l’herminette, la masse ou le gourdin. Par la potence et le feu. Condamner à la famine ou précipiter dans les fleuves ou à la mer. Allant même jusqu’à inoculer des microbes. Clouer dans des caisses des nouveau-nés encore au sein … En un mot : un Génocide ! À cette époque, où étaient donc les juristes et les juges d’aujourd’hui ? N’avaient-ils pas découvert le mot, ou bien le monstre assoiffé de sang était-il si puissant et hors d’atteinte qu’ils n’avaient pas pu l’appréhender ? Notre révolte est décuplée, d’autant qu’à l’époque déjà, les vainqueurs étaient sur place, sur les lieux du crime. Ils y sont restés durant quatre années entières et y ont régné en maîtres, comme aujourd’hui sur l’Allemagne. À l’époque également, des centaines d’arrestations avaient eu lieu et soixante-dix de ces monstres avaient été transférés à Malte afin d’y être jugés et purger la peine qu’ils méritaient. Et depuis lors ? Le monde s’est-il amélioré, d’Istanbul, de Malte et jusqu’à Nuremberg, Berlin ou Auschwitz ? Si seulement c’était ainsi ! Que soient jugés, sanctionnés sans ménagement ces hyènes du génocide ! Mais, où donc était inaugurée la première leçon «exemplaire» du génocide des temps nouveaux ?”  Editorial «Génocide» par Chavarche Missakian, in Haratch n° 208, 9 déc. 1945[1]

Connaissant mon intérêt pour la question du génocide, une amie très proche m’a prêté il y a quelques mois "Retour à Lemberg" de Philippe Sands (Ed. Albin Michel) en me disant "tu verras, ça se lit d'une traite, tellement c'est bien". La période de confinement m'a enfin donné l'occasion de "m'y mettre". Et je confirme, c'est un livre captivant. Qui donne matière à réfléchir et qui, en même temps, soulève un certain nombre de questions fondamentales en rapport au génocide des Arméniens et au rôle des ONG dans la lutte contre les causes profondes des violations des droits humains en Turquie, notamment. Tout en me donnant l'occasion de partager aussi des souvenirs familiaux en cette journée de commémoration du génocide.

Un livre fascinant à bien des égards

Commençons par le commencement. Le livre est un livre fascinant qui représente une masse de travail inouïe, on l'imagine fort bien. On y apprend énormément. Écrit à la façon d’un roman d'aventure historique, doublé d'un livre de souvenirs familiaux, le rythme haletant nous garde en émoi. Quand Lemkin fuit l’avancée des nazis dans la Pologne envahie, par exemple. Sa traversée de l’URSS et du Japon impérial pour rejoindre une université en Caroline du nord au début de la deuxième guerre mondiale est une folle épopée. Dans un sens (d'ouest en est) qu'on n’aurait pas imaginé!

L'auteur a dû mener une enquête minutieuse pour retrouver Miss Tilney, la courageuse femme britannique qui sauva sa mère, ou encore l'homme au nœud papillon, Emil Lindenfeld, pour reconstituer, à chaque fois, un incroyable puzzle. Cette investigation approfondie, qui mélange à merveille la "petite histoire" et la "grande histoire" rend toute leur humanité aux différents protagonistes, connus, ou pas. A partir d'une photo, au hasard d'une conversation, Philippe Sands remonte le fil et découvre des choses inouïes, grâce aussi au concours d'enquêteurs en Europe centrale et en Europe de l'Est. Il n'hésite pas à aller au plus intime, lorsqu'il s'interroge, par exemple, sur la sexualité de son grand-père adoré, Léon Buchholz, ou sur la teneur des rapports, à Vienne, entre sa grand-mère Rita et Emil Lindenfeld. Le livre est ainsi jalonné de petites pépites, comme la lettre du docteur Steiner à Léon, qui confirme les problèmes de couple de Léon et Rita à la veille de la seconde guerre mondiale, et qui pourraient expliquer que Léon soit parti seul pour Paris à la veille de la guerre.

Le chapitre sur Miss Tilney est peut-être le plus émouvant. L'auteur a eu 1 000 fois raison de rendre hommage à cette héroïne qui a sauvé la vie de sa mère, Rita. L'humilité de cette femme- le fait qu'elle n'ait raconté à personne qu'elle avait sauvé Rita et un autre jeune homme plus tard en France occupée- est peut-être ce qu'il y a de plus touchant.

Le génocide arménien étant plus ancien, nous n'avons pas beaucoup de pièces ou photographies nous permettant de "mener l'enquête". Mon grand-père paternel Krikor (1907-1985) est né dans le village de Morenig (aujourd'hui Çatalçeşme) dans la plaine de Harput. Le petit garçon, à droite sur la photo ci-dessus, est mon grand-père Krikor. A gauche se trouve son oncle paternel, Constantine Krikorian. Krikor étant né en 1907, cette photo date vraisemblablement de 1910. À cette époque, le père de Krikor, mon arrière grand-père Ghazar, avait déjà quitté sa ville natale de Morenig et immigré à Belfort en France. Constantine a été tué en 1915. Ma grand-mère paternelle Satenig est née à Shabine Karahisar (Şebinkarahisar) en 1910. Elle avait plusieurs sœurs qui ont toutes péri. Son père, mon arrière-grand-père Levon tenait un café sur la place de l'église de Shabine et la famille vivait à l'étage au-dessus du café. Contrairement à Satenig, Krikor ne parlait jamais de ce qui s'était passé en 1915, un peu comme Léon, le grand-père de l'auteur. Orphelins du génocide des Arméniens (de mère pour mon grand-père), il se sont mariés et eurent trois enfants : mon père Lazare (du nom de son grand-père), mon oncle Marc et ma chère tante Vartanouche. Satenig parlait davantage que son mari. Tout au long de sa vie, elle confia sa peine et sa douleur à sa fille, Vartanouche. Les longues semaines passées dans la forteresse de la ville. Le massacre des hommes. La longue marche vers la mort. Les bébés noyés dans les rivières par des mères à bout, les individus placés dans des cercueils avec la tête qui dépasse afin qu'ils puissent être décapités par des hommes à cheval, etc.




Le petit garçon à gauche (portant un chapeau) est mon grand-père Krikor. L'identité des autres est inconnue. Il s'agit très probablement d'autres membres de la famille. La carte postale est adressée à Krikor et est écrite par son père Ghazar. Il écrit (au dos) la chose suivante:


"Mon fils Krikor, tu me manques tellement ... Voici une photo de toi quand tu étais très jeune. Je t'envoie cette photo pour que tu saches que ton père souhaite toujours te prendre dans ses bras. Cependant, mon chéri, je ne peux pas réaliser mon souhait avec un simple morceau de papier. Tu as encore une photo comme celle-ci avec ton oncle Constantine, cette photo, mon chéri, je la garde avec moi". La photo que Ghazar mentionne est en fait la première photo avec Krikor et son oncle Constantine. Krikor, jeune rescapé, après être passé par la Grèce, n'est arrivé en France qu'en 1926. Les retrouvailles avec son père Ghazar, qui s'y trouvait déjà et qu’il n’avait pas vu depuis au moins 16 ans, et qu’il ne connaissait probablement même pas, ont dû être bouleversantes.

Forteresse de Shabine Karahisar (2004).

Intérieur du fort. Satenig y passa des semaines avant déportation(2004)
Rue de Morenig - Catalçeşme (2004)

New York Times du 18 août 1915

Remonter le fil n'est pas non plus chose aisée pour les descendants des rescapés du génocide arménien en raison de la distance, de la perte des documents, ou encore de la destruction des archives. Mais il me semblait nécessaire de témoigner de l'histoire de mes grands-parents en cette journée de commémoration. Le peu que j'avais en ma possession se trouve sur le site Houshamadyan[2], un projet magnifique qui vise à reconstruire la vie citadine et villageoise de l'Arménie ottomane.

Revenons-en au livre. L'auteur rend justice à deux fondateurs du droit international moderne[3], dont on ne connaissait en général rien de la vie. Au contraire d’une figure d'écrivain comme Stefan Zweig par exemple. L'on sait tout de sa vie, de sa naissance dans les beaux quartiers de Vienne à sa mort, choisie, en 1942. Pourtant, quelle fut la réelle contribution de cet écrivain, que j'aime tant (je suis allé de Vienne à Pétropolis "à sa rencontre"), tant il a su à merveille rendre compte de la folle danse des sentiments humains, à un monde plus juste, à un monde tentant, enfin, de respecter les droits humains et de bannir le génocide, notamment en regard de l'apport de figures comme Lauterpacht ou Lemkin? L'on doit à mon humble avis rendre hommage à Philippe Sands pour cette nécessaire prise de conscience.

Outre Raphael Lemkin, Hersch Lauterpacht et Léon Buchholz, Hans Frank, dignitaire nazi, avocat comme l'auteur, gouverneur général de la Pologne occupée de 1939 à 1945, est l'un des personnages principaux du livre. Il contribua à la préparation des lois de Nuremberg qui privèrent les Juifs de leurs droits de citoyens et prohibèrent les relations sexuelles hors mariage entre Juifs et Allemands. Il est décrit comme un farouche partisan de la communauté nationale, qu'il mettait au-dessus des individus et des groupes. Le parallèle avec l'idéologie qui régit la Turquie de manière ininterrompue depuis la 1ère guerre mondiale est ici saisissant.

Enfin, la ville de Lemberg, qui fut tour à tour autrichienne, polonaise (Lvov), puis ukrainienne (Lviv) joue également un rôle central dans le livre de Philippe Sands, comme lieu des pires atrocités jamais commises sur le sol européen et comme lieu matriciel du droit international post deuxième guerre mondiale en tant que vecteur d'un monde plus juste. Les personnages principaux, Lemkin, Lauterpacht, Léon et Frank, ont en commun d'avoir passé une partie de leur vie à Lviv/Lemberg, de quelques jours à plusieurs années. Lauterpacht et Léon y sont nés. Lauterpacht et Lemkin y ont étudié le droit. Frank y prononça plusieurs discours en août 1942, Lemberg et la Galicie ayant été incorporées à la Pologne occupée après l'opération Barbarossa. La grande rafle de Lemberg envoya 50 000 Juifs au camp d'extermination de Belzec. La solution finale, décidée à Wannsee, débuta sur le territoire administré par Frank. Les familles de Lemkin, Lauterpacht et Léon Buchholz y furent décimées.

Frank remercia Hitler dans un discours de lui avoir "donné" la Galicie, "source originelle" du monde juif, ajoutant que le "contrôle de Lemberg permet de s'attaquer au cœur du problème juif". Le journal intime de Frank est accablant. Sous son autorité, en Pologne occupée, le nombre de Juifs est passé de 3,5 millions à 100 000, nous rappelle l'auteur.

L'auteur a rencontré deux fils de dirigeants nazis, Niklas, fils de Frank et Horst, fils de Otto von Wächter, gouverneur de Galicie qui travaillait sous les ordres de Frank. Alors que Niklas a fermement rejeté la mémoire de son père (en 1987 il a écrit "Der Vater : Eine Abrechnung" dans lequel il remet en cause les remords de son père avant sa mort), Horst se situe plus dans une forme de compréhension, voire de réhabilitation, de son père. Dans le cas arménien, il y indéniablement une forme de parenté entre Niklas et Hasan Cemal, petit-fils de Cemal Pacha, membre du Triumvirat coupable du génocide des Arméniens. Tous deux sont journalistes. Tous deux ont reconnu les crimes de leurs parents. Hasan Cemal a en effet eu le courage de reconnaitre le génocide des Arméniens. Il est allé à la rencontre des communautés arméniennes éparpillées de par le monde des suites du génocide à de nombreuses reprises. Il a écrit le livre "1915 le génocide arménien" (Ed. Les prairies ordinaires). C'est un juste, parmi tant d'autres justes turcs comme Ragip Zarakolu, Taner Akçam, Eren Keskin, Fethiye Cetin, Murat Belge, Pinar Selek, Halil Berktay, et des dizaines d'autres encore.

L'auteur le souligne, c'est pour la première fois à Nuremberg que des dirigeants d'un Etat sont jugés pour crimes contre l'humanité et pour génocide par un tribunal international[4]. Parmi les accusés, l'on comptait, entre autres: Hans Frank, Herman Göring, Joachim Ribbentrop, Rudolf Hess, Ernst Kaltenbrunner, ou encore Alfred Rosenberg, l'un des théoriciens du nazisme.


Les chefs d'inculpation étaient:

· Complot en vue de commettre des crimes internationaux;

· Crimes contre la paix;

· Crimes contre l'humanité;

· Crimes de guerre, dont le génocide.

Pour celles et ceux qui disent que le génocide arménien n'en était pas un, que c'était la guerre, qu'il y avait beaucoup de violences, etc., cela devrait constituer une mise en perspective intéressante.

Tous les accusés ont plaidé non coupable.

L'auteur nous parle du grand discours d'ouverture de Jackson, le procureur américain, dont Lauterpacht était proche. Dans ce discours, il dira notamment que "la véritable partie plaignante n'est pas les Alliés, mais la civilisation". Il mentionna les crimes contre l'humanité, mais pas le génocide. Lauterpacht était également proche de la délégation britannique. A sa demande, il améliora le discours du procureur britannique, Shawcross. Il en profita pour mettre en avant ses idées sur la protection des individus et les crimes contre l'humanité. Il apparait comme l'un des précurseurs du droit d'ingérence. Sous sa plume, les nations peuvent intervenir pour protéger les "droits de l'homme". Shawcross ne mentionna pas non plus le terme génocide. Seuls les procureurs français et soviétique le feront. L'auteur rappelle par ailleurs que la réticence américaine a pu s'expliquer, à Nuremberg, par peur des milieux politiques sudistes des répercussions sur les "Noirs" et les "Indiens d'Amérique". 74 ans plus tard, alors que le Congrès américain reconnaissait enfin dans son ensemble le génocide des Arméniens, la Turquie ne s'est pas privée de rappeler l'extermination des Amérindiens. A la différence près que le président Barack Obama avait promulgué entre-temps la loi sur les excuses aux Amérindiens en décembre 2009[5]. Cette histoire américaine peut néanmoins éclairer la réticence historique de l'exécutif américain à "appeler un chat un chat" dans le cas arménien.

L'auteur décrit le véritable lobbying auprès des différentes délégations auquel Lemkin et Lauterpacht se sont livrés pour mettre en avant leurs idées et s'assurer qu'elles prévalent à Nuremberg. Il résume, de manière très intéressante, le débat ainsi : comment le droit international peut-il prévenir les assassinats de masse? En protégeant l'individu, dit Lauterpacht. En protégeant le groupe, dit Lemkin. Débat très théorique qui n'intéressait pas tout le monde, à commencer, chose incroyable, par le juge britannique Geoffrey Lawrence à qui l’on avait confié la présidence du procès[6].

Au récit du procès (notamment, le témoignage terrifiant de Rajzman sur les chambres à gaz), Philippe Sands mêle la vie, les doutes de Lauterpacht et de Lemkin sur le sort, qui s'avèrera funeste, de leur famille. Il en allait de même pour son grand-père Léon. Il me semble que, ce faisant, l'auteur fait œuvre de salut public. Il montre que le droit n'est pas que cette matière organique froide, qu'elle est aussi influencée par les êtres humains et leur destin tragique. Lauterpacht contribua fortement aux arguments légaux conclusifs de Shawcross. A ce moment-là, il apprend enfin le sort des siens. Toute sa famille a été décimée. Seule sa nièce Inka a survécu. Elle viendra vivre avec Lauterpacht et sa femme en Angleterre. Au même moment, le lobbying de Lemkin finit par payer : le terme de génocide, qui avait disparu, est réintroduit dans la procédure.

Après les avocats des accusés, c'est au tour des procureurs de prendre la parole pour la dernière fois. Jackson, l'Américain, parla du complot, de la solution finale, mais pas du génocide. Le Britannique Shawcross se consacra aux faits. La partie écrite par Lauterpacht fut en partie remaniée. Ainsi, Shawcross ajouta le terme de génocide à de nombreuses reprises au texte de Lauterpacht. Là où ses idées ont en revanche subsisté : Ceux qui aident l'Etat à commettre un crime contre l'humanité ne peuvent bénéficier d'aucune immunité. La France, de son côté, cherche à obtenir une condamnation pour génocide.

Lors des déclarations finales, Frank revient définitivement sur son aveu de responsabilité, alors qu'au début du procès, il avait été le seul, parmi les accusés, à exprimer un sentiment de culpabilité pour lui-même et pour l'Allemagne, "déshonorée pour 1 000 ans".

A la fin de la procédure, Lemkin finit par apprendre la mort de ses parents, Bella et Josef. Son frère Elias a survécu par miracle car il avait amené sa famille en vacances en URSS en juin 1941, juste avant l'invasion de la Galicie par les Allemands.

Au moment de l'énoncé du verdict, qui prendra deux jours, Lauterpacht est à Nuremberg, Lemkin est à Paris pour la conférence de Paix. Léon est aussi à Paris. Au premier jour, les crimes contre l'humanité font partie intégrante du droit international pour la première fois. Au deuxième jour, sur les 21 accusés, 3 furent acquittés, 18 reconnus coupables, dont certains de crimes contre l'humanité comme Frank, qui sera condamné à mort par pendaison. Aucun ne fut reconnu coupable de génocide[7]. Il y eu 12 condamnés à mort au total.

Lauterpacht est soulagé: l'individu sera dorénavant protégé et la responsabilité criminelle individuelle pour les pires crimes est désormais possible. La souveraineté étatique n'est plus un refuge. Lemkin, lui, parlera du "cauchemar de Nuremberg". Mais l'Assemblée des Nations Unies adopta vite une résolution sur le génocide qui alla conduire à la convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide[8].

De l'importance de la Déclaration tripartite du 24 mai 1915, du traité de Sèvres de 1920 et des cours martiales ottomanes de 1919-1920 sur la route de Nuremberg


Première déclaration interétatique dans laquelle on retrouve les "crimes contre l'humanité" et la responsabilité des membres d'un gouvernement qui en sont à l'origine.
Déclaration tripartite. 24.5.1915

S'il est vrai que les "crimes contre l'humanité" ont été pour la première fois poursuivis au Tribunal militaire international (TMI) de Nuremberg (et aussi à Tokyo), il est également vrai que le terme "crimes contre l'humanité" a été utilisé pour la première fois dans une déclaration entre Etats en mai 1915 par les gouvernements alliés de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie, et non pas de la Grande-Bretagne et des Etats-Unis comme l'indique le livre de manière un peu erronée[9]. Dans cette déclaration, la mise en garde au gouvernement jeune-turc se fait dans les termes suivants:

"Depuis environ un mois, les populations kurdes et turques d'Arménie massacrent les Arméniens avec la connivence et souvent l'aide des autorités ottomanes. De tels massacres ont eu lieu à la mi-avril (nouveau style) à Erzerum, Dertchun, Eguine, Akn, Bitlis, Mush, Sassun, Zeitun, et dans toute la Cilicie. Les habitants d'une centaine de villages proches de Van ont tous été assassinés. Dans cette ville, le quartier arménien est assiégé par les Kurdes. Au même moment, à Constantinople, le gouvernement ottoman maltraite une population arménienne inoffensive. Au vu de ces nouveaux crimes de la Turquie contre l'humanité et la civilisation, les gouvernements alliés annoncent publiquement à la Sublime-Porte qu'ils tiendront personnellement responsables [de] ces crimes tous les membres du gouvernement ottoman et ceux de leurs agents qui sont impliqués dans ces massacres".

Il apparait donc que cette déclaration, faite au cœur du génocide des Arméniens, a été un jalon important qui a mené à Nuremberg à deux titres au moins:

1. La première mention de l'expression "crimes contre l'humanité" dans une déclaration interétatique, et

2. L'intention déclarée de juger les membres du gouvernement ottoman responsables de "crimes contre l'humanité" .

Qu'est-ce que cela nous montre ? Que la déclaration tripartite du 24 mai 1915 devrait figurer à l'exposition permanente du Mémorial du Procès de Nuremberg, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui, afin d'aider le public à comprendre qu'il y a bien eu des jalons posés au plan international dans le domaine des "crimes contre l'humanité" (et de la responsabilité de ceux qui aident l'Etat à en commettre) entre 1907[10] et la Seconde Guerre mondiale.

De même, l'on peut regretter qu'il ne soit pas fait mention dans le livre du traité de Sèvres, ni réellement du traité de Versailles. Bien qu'il n'ait pas été ratifié (il a été remplacé par le traité de Lausanne de 1923 qui enterre les dispositions de Sèvres vis-à-vis de la Turquie), le traité de Sèvres compte un certain nombre d'articles qui ont été autant de jalons, de même que la déclaration tripartite de 1915, sur la route de Nuremberg. A l'article 230[11], le traité de Sèvres prévoit l’extradition par l'Empire ottoman des criminels de guerre pour leur jugement par un tribunal international (le tribunal auquel se réfère Chavarche Missakian dans son éditorial du 9 décembre 1945 dans "Haratch"). Malheureusement, la délégation américaine à la Commission sur la responsabilité des auteurs de la guerre et sur l'application des peines s'y opposa[12].

Au total, l'on peut dire que l’idée précise d’une juridiction internationale pénale jugeant les représentants des Etats turc et allemand date de la première guerre mondiale[13], et découle des traités qui y ont mis fin, même si les dispositions en question n'ont jamais été mises en pratique, entravées par la souveraineté de l’Allemagne et de la Turquie.

Avec l’assentiment des Alliés, des poursuites nationales eurent cependant lieu devant des tribunaux nationaux, en Allemagne et en Turquie. Les juges étaient uniquement des nationaux. Il s’agissait donc seulement, nous dit-on, de procès symboliques.

Les cours martiales ottomanes de 1919-1920 ont jugé des dirigeants du Comité Union et Progrès, ainsi qu'un certain nombre de fonctionnaires sur différents chefs d'accusations, dont le « massacre et la destruction des Arméniens[14] ». Il était reproché aux dirigeants ottomans d'avoir mis en place un vaste plan dirigé à cette fin[15]. La Cour a rendu son verdict le 5 juillet 1919. Les accusés ont été reconnus responsables d'avoir orchestré l'entrée en guerre de la Turquie dans la première guerre mondiale et d'avoir commis les massacres contre les Arméniens. Talaat Pacha a été condamné à mort par contumace, de même qu'Enver et Cemal, les autres membres du Triumvirat. En fuite, Talaat Pacha sera assassiné à Berlin par Soghomon Tehlirian, un des justiciers de l'opération Némésis, en 1921[16].

Au total, au-delà de Sèvres, il me semble qu'il aurait été utile que le livre cite les cours martiales ottomanes. Cela aurait remis en perspective la fuite de Talaat Pacha et d'autres orchestrateurs du génocide des Arméniens, ainsi que l'opération Nemesis[17] qui s'est substituée au vide de justice internationale[18], malgré les promesses (et plus) qui avaient été faites - aux Arméniens et à l'humanité.

"Crimes contre l'humanité vs. génocide" ou "crimes contre l'humanité + génocide"?

Là où le livre porte réellement à réflexion pour tout intervenant dans le champ des droits humains, c'est qu'il conte l'intéressante et néanmoins frontale opposition, nous dit l'auteur, entre les droits des individus, portés par Lauterpacht, et les droits des groupes portés par Lemkin. Grâce au premier, les "crimes contre l’humanité" ont trouvé leur place dans la charte de Nuremberg, et donc dans le droit international moderne, alors que l'on doit l’inclusion du terme "génocide[19]" dans la liste des crimes passibles de poursuite à Nuremberg au second, son livre, "Axis Rule in Occupied Europe", ayant joué un rôle déterminant.

L'auteur a une fois déclaré dans le "Guardian": "I want to be treated as Philippe Sands individual, not Philippe Sands Brit, Londonner or Jew[20]". Pourtant, nous sommes à la fois des individus et des individus avec leurs propres cercles identitaires. Je suis à la fois Alexis Krikorian, l'individu avec ses innombrables qualités et ses rares tares (ou le contraire!), et Alexis Krikorian, l'individu d'origine arménienne (et française), gay, né dans un pays, vivant dans un autre. Cette mosaïque identitaire est un donné avec lequel il nous faut bien composer. Etre arménien ou d'origine arménienne est à la fois une richesse, et un mauvais sort si l'on en juge par l'histoire tragique du peuple arménien. Aux funérailles publiques de Hrant Dink, le 23 janvier 2007, j'y étais, la foule immense ne chantait pas "Nous sommes tous Hrant Dink, nous sommes tous Hrant Dink", mais bien "Nous sommes tous Hrant Dink, nous sommes tous des Arméniens".

L'opposition classique entre droits des groupes (ou droits nationaux) et droits humains est réelle dans bien des pays. Il me semble pourtant qu'elle n'a pas à être nécessairement si frontale que cela et qu'il y a un certain mérite à essayer de les articuler. Le respect plein et entier des droits des individus est un préalable nécessaire à leur épanouissement et à celui du groupe dans son ensemble. J'ai écrit dans un article précédent que l'on pouvait tout à la fois être gay et arménien[21], par exemple, grâce à cette articulation-là. Il me semble par conséquent que droits des individus et droits des groupes peuvent être complémentaires.

Entre Lauterpacht et Lemkin, l'auteur a clairement choisi son camp : il préfère Lauterpacht, sur le plan des idées et sur le plan personnel. Les objections au génocide qu'il(s) met(tent) en avant sont notamment les suivantes : il favoriserait le "eux" contre le "nous et la preuve du génocide est difficile à apporter. Plus précisément, il est difficile d'administrer la preuve de la destruction intentionnelle du groupe. Dans le cas arménien, la preuve a été administrée depuis fort longtemps, et bien que je me m'étais juré de ne plus jouer le jeu de la preuve il y a longtemps déjà, je vais malgré tout le faire, en me limitant aux points suivants[22]:

* Je recommande la lecture de "Ordres de tuer" de Taner Akçam (Editions CNRS, 2020). Le livre représente un tremblement de terre dans les études sur le génocide. L'école négationniste a longtemps soutenu que les ordres d'assassinat signés par le ministre de l'intérieur ottoman Talaat Pacha et les mémoires du bureaucrate ottoman Naim Efendi étaient des faux, "produits par les Arméniens". Taner Akçam fournit les preuves permettant de réfuter le fondement de ces affirmations et démontre clairement pourquoi ces documents sont authentiques, prouvant (à nouveau) l'intention génocidaire du gouvernement ottoman-turc envers sa population arménienne. De fait, ce travail enlève une pierre angulaire à l'édifice négationniste[23].


* Le 13 juin 1997, l'association internationale des spécialistes des génocides adopte à l'unanimité une résolution portant reconnaissance du génocide arménien[24].


* Il est fait mention, dans le livre, du rôle de la presse dans la prise de conscience de la réalité de l’extermination des Juifs. Il est à noter que la presse occidentale, en Suisse[25], aux Etats-Unis et ailleurs a fait de même pour le génocide des Arméniens.


New York Times du 15 décembre 1915


New York Times du 10 octobre 1915




Une deuxième objection est le "eux" contre le "nous". Dans l'épilogue[26], l'auteur cite une phrase d'un article dont il dit qu'il la partage, en disant du "génocide" qu'"il provoque l'indignation nationale (en Turquie) plutôt que l'examen sans concession des faits dont le pays a besoin". Cet article du "Financial Times", du 24 avril 2015, est intitulé: "Turks and Armenians in the shadow of genocide". Il appelle la Turquie à reconnaitre le génocide des Arméniens, y compris dans la phrase en partie citée par l'auteur où le terme "génocide" est décrit comme "justifié" dans le cas des Arméniens.

Je m'inscris en faux contre le "eux" contre "nous" que le terme de génocide favoriserait. De qui parle-t-on exactement? L'association des droits humains d'Istanbul appelle chaque année, courageusement, le gouvernement turc à reconnaitre le génocide des Arméniens[27]. Les premiers éditeurs de Turquie qui ont publié un livre sur le génocide des Arméniens, Ragip et Ayşe Nur Zarakolu (éditions Belge[28]), ont vu leur maison d'édition plastiquer l'année suivante (en 1993 et 1994 respectivement). En 2008, les signataires d'une pétition d'intellectuels demandant pardon aux Arméniens ont été menacés, poursuivis[29]. On pourrait multiplier les exemples à foison. Celles et ceux qui reconnaissent le génocide le font souvent au péril de leur vie. Et font, de toute façon, face à un arsenal législatif répressif qui défend, entre autres, la "turcité". Ils et elles ont par conséquent besoin de tout notre soutien.

D'après mon expérience, je peux dire qu'il y a une réelle fraternité entre les défenseurs des droits humains et intellectuels turcs et arméniens et qu'ils sont nombreux à se retrouver sur l'essentiel : le besoin d'une Turquie plus démocratique et respectueuse des droits humains dont l'une des pré-conditions essentielles est la reconnaissance du génocide des Arméniens. Sans cette reconnaissance, les violences et les violations massives des droits humains, qui se placent à un autre niveau que le génocide (le mouvement des droits humains ne doit pas avoir peur ni de la vérité, ni de hiérarchiser l'horreur), continueront leur folle course en Turquie. La Turquie continuera d'être le pays ayant le plus de cas à la Cour européenne des droits de l'Homme[30]. Ou le pays qui a le plus de journalistes en prison[31]. Ou le pays qui a le plus de cas de "terrorisme"[32], le pays en ayant la définition la plus extensive qui soit. Les livres scolaires continueront à être négationnistes[33]. Il y aura d'autres Hrant Dink ou d'autres Sevag Balikçi, le soldat d'origine arménienne assassiné le 24 avril 2011[34].

Il en va aussi de la sécurité régionale. Ce cycle infernal de violences et de violations ne prendra fin, ou ne ralentira pas de manière significative, tant que cette reconnaissance n'aura pas lieu, quelque soit le parti au pouvoir (AKP ou CHP). C'est un problème non pas gouvernemental, mais de l'Etat turc. Nous sommes nombreux à avoir cruellement conscience que nier un génocide est la dixième et dernière étape d'un génocide[35].

Pour reprendre la formule de l'auteur, le "eux" contre le "nous" ne représente pas les "Arméniens" contre les "Turcs" - le croire serait une erreur profonde - mais "l'Etat turc" - qui dépense des millions chaque année pour nier la réalité du génocide des Arméniens dans le cadre d'une politique négationniste d'Etat[36] - contre les "défenseurs des droits humains, intellectuels, éditeurs (...) turcs et arméniens", voire "la civilisation" ou "l'humanité" pour reprendre les mots de Jackson. Au niveau de notre ONG, Hyestart, je peux vous assurer de la fraternité entre Turcs et Arméniens. Notre comité d'honneur compte des Turcs et des Arméniens qui travaillent main dans la main (Serge Avédikian, Ragip Zarakolu, Pinar Selek).

De la position du Royaume-Uni et du rôle des ONG dans la lutte contre les causes profondes des violations des droits humains en Turquie

Des grands acteurs étatiques européens de la première guerre mondiale et d'aujourd'hui, le Royaume-Uni est le seul à ne pas avoir reconnu le génocide arménien. Des trois signataires de la déclaration du 24 mai 1915, il est en effet le seul. La Russie l'a fait, la France l'a fait. Même l'Allemagne, dont les complicités dans le génocide de 1915 ne sont plus à démontrer[37], l'a fait. N'est-il pas temps que le Royaume-Uni[38] reconnaisse enfin le génocide arménien?

De manière générale, l’écosystème britannique semble être très en retrait sur la question de la reconnaissance, de la BBC, qui contrairement à un média respecté comme le "New York Times", ne parle pas automatiquement du génocide des Arméniens, aux ONG de défense des droits humains qui font souvent les plus grands efforts pour éviter d'utiliser le terme "génocide".

Les ONG de promotion des droits humains devraient, ce blog l’a déjà souligné[39], inclure la reconnaissance du génocide des Arméniens – et des autres crimes de masse commis en Turquie comme les massacres du Dersim en 1937-38 - à leur panoplie de plaidoyer sur la Turquie (sur un plan national et sur un plan international en direction des Nations Unies, etc.), de même que le droit à la vérité de la part de leur Etat sur ce qui s'est passé en 1915-23, 1937-38 (...) pour les minorités arménienne, grecque, assyro-chaldéenne, alévie et kurde, bien entendu. Il s'agit-là de remédier aux causes profondes des violations des droits humains en Turquie et donc d'y apporter une réponse dans la durée et non pas au coup par coup. Au-delà du cas turc, emblématique, de nombreux autres pays pourraient être concernés par ce type d'approche.

Vieille dame portant le portrait de Hrant Dink

au monument du génocide arménien (Erevan).


Une amie, dirigeante à l'époque d'une ONG basée au Royaume-Uni qui m'est chère, ainsi qu'à l'auteur du livre, m'a dit qu'après l'assassinat de Hrant Dink, elle allait dorénavant parler du "génocide arménien", laissant tomber les périphrases qu'elle utilisait jusqu'alors. Je ne sais pas si elle a tenu parole, mais une chose est sûre, comme le souligne également le livre de Philippe Sands à juste titre : le destin - funeste - d'un individu peut et doit changer le monde ou la vision que l'on en a.


Notes:

[1] Extrait de : Chavarche Missakian "Face à l’innommable, avril 1915". Traduit de l’arménien par Arpik Missakian. Postface de Krikor Beledian. Editions Parenthèses. Collection : Diasporales [2]Voir: https://www.houshamadyan.org/oda/europe/alexis-krikorian-collection-fr.html [3]Henri Donnedieu de Vabres et d'autres jouèrent un rôle pionnier également. [4] Après la seconde guerre mondiale, le tribunal militaire international de Nuremberg fut créé en application de l’accord signé à Londres, le 8 août 1945, par le gouvernement provisoire de la République française, les gouvernements des États-Unis, du Royaume-Uni et de l'URSS afin de juger pour leurs actes les dirigeants du régime hitlérien. Le tribunal était composé de huit juges, deux de chaque force alliée, et de quatre procureurs, un de chaque allié. [5] https://nativevotewa.wordpress.com/2009/12/31/president-obama-signs-native-american-apology-resolution/ [6] Page 350 du livre. Témoignage de sa fille. [7] La Shoah ne fut jamais poursuivie en tant que crime distinct. Le plus grand succès de Nuremberg fut l’établissement d’un inventaire des crimes internationaux contre l’Humanité. Sans cet inventaire, la justice internationale ne serait jamais allée aussi loin qu’aujourd’hui. Les définitions établies par la Charte du Tribunal militaire international (TMI) sont les suivantes : les crimes contre la paix sont la direction, la préparation, le déclenchement de la poursuite d’une guerre d’agression ou d’une guerre de violation des traités, assurances ou accords internationaux (art. 6a de la Charte du TMI). Les crimes de guerre sont les assassinats, les mauvais traitements ou la déportation pour travaux forcés ou pour tout autre but, l’assassinat ou le mauvais traitement des prisonniers de guerre, le pillage de biens, la destruction sans motifs des villes (art. 6b de la Charte du TMI). Les crimes contre l’Humanité sont les assassinats, l’extermination, la réduction en esclavage, la déportation et tout autre acte inhumain commis contre toute population civile pendant la guerre, la persécution pour des motifs politiques, raciaux ou religieux (art. 6c de la Charte du TMI). De même, le complot ou le plan concerté en vue de commettre l’un des trois autres crimes a été considéré comme un crime. [8] https://www.ohchr.org/FR/ProfessionalInterest/Pages/CrimeOfGenocide.aspx [9] Page 154 [10]La convention de la Haye, mentionnée à Nuremberg, a contribué à codifier les crimes de guerre. [11] Le Gouvernement ottoman s'engage à livrer aux Puissances alliées les personnes réclamées par celles-ci comme responsables des massacres qui, au cours de l'état de guerre, ont été commis sur tout territoire faisant, au 1er août 1914, partie de l'Empire ottoman. Les Puissances alliées se réservent le droit de désigner le tribunal qui sera chargé de juger les personnes ainsi accusées, et le Gouvernement ottoman s'engage à reconnaître ce Tribunal. Dans le cas où la Société des Nations aurait constitué en temps utile un tribunal compétent pour juger lesdits massacres, les Puissances alliées se réservent le droit de déférer lesdits accusés devant ce tribunal et le Gouvernement ottoman s'engage également à reconnaître ce tribunal. [12] https://en.wikipedia.org/wiki/Commission_of_Responsibilities#cite_note-8 [13] https://www.cairn.info/revue-revue-d-histoire-de-la-shoah-2009-1-page-241.htm?contenu=article [14] https://trialinternational.org/fr/latest-post/mehmed-talaat-pacha/ [15] https://trialinternational.org/fr/latest-post/mehmed-talaat-pacha/ [16] https://trialinternational.org/fr/latest-post/mehmed-talaat-pacha/ [17] Une opération secrète menée par les Arméniens au cours de laquelle des personnalités politiques et militaires ottomanes ayant fui les poursuites ont été assassinées pour leur rôle dans le génocide arménien. [18] Le génocide des Arméniens commis pas l'Empire ottoman restait donc sans conséquences juridiques, de même que le génocide des Herero 11 ans plus tôt. La poursuite des crimes contre l’Humanité, notamment des crimes contre les Arméniens, n’était pas, de toute évidence, un objectif majeur des Alliés. [19] L'origine du mot génocide est tout simplement fascinante. Si Lemkin avait opté pour le mot « met-enocide » par exemple, terme auquel il avait réfléchi, on peut se demander si les défenseurs des droits humains se battraient aujourd'hui pour la reconnaissance du "metenocide" arménien? L’Etat turc dépenserait-il des millions de dollars chaque année pour nier de manière forcenée du "metenocide" arménien? On peut penser que oui... [20] "Je veux être traité comme Philippe Sands l'individu, pas comme Philippe Sands le Britannique, le Londonien ou le Juif " https://www.theguardian.com/books/2016/nov/16/philippe-sands-alarm-bells-human-rights-east-west-street-baillie-gifford-prize-interview [21] https://www.hyestart.net/post/hebardoutiamp [22] La visite d'un site comme ceux-ci peut s'avérer utile également: https://www.armenian-genocide.org, www.imprescriptible.fr, http://www.genocide-museum.am/eng/index.php [23] https://www.palgrave.com/gp/book/9783319697864#aboutBook [24] https://genocidescholars.org - le tribunal permanent des peuples a aussi reconnu le génocide des Arméniens en 1984, cf. http://permanentpeoplestribunal.org/wp-content/uploads/2016/07/Armenia_TPP_it.pdf [25] https://artzakank-echo.ch/2015/09/15/fragments-le-genocide-des-armeniens-et-loeuvre-suisse-vus-par-la-presse/ [26] Page 445 [27] https://ihd.org.tr/en/the-genocide-continues/ [28] https://freedomforragip.wordpress.com/the-belge-publishing-house/ [29] https://en.wikipedia.org/wiki/I_Apologize_campaign [30] https://ahvalnews.com/echr/turkey-and-european-rights-court-parting-ways [31] https://www.economist.com/graphic-detail/2019/01/16/turkey-leads-the-world-in-jailed-journalists [32] Voir: https://freedomforragip.wordpress.com/more-about-freedom-to-publish-in-turkey - "Un tiers des condamnations pour terrorisme dans le monde ont eu lieu en Turquie, plus encore qu'en Chine, au cours des dix dernières années (environ 12 000 condamnations sur 35 000). En moyenne, cela signifie 3 condamnations par jour, tous les jours, pendant 10 ans. Au même rythme, les États-Unis auraient eu environ 50 000 condamnations pour terrorisme au cours des dix dernières années. Au même rythme, la Norvège, un pays de 4 millions d'habitants, aurait eu 700 condamnations pour terrorisme au cours des dix dernières années". [33] https://www.economist.com/europe/2019/11/07/how-genocide-denial-warps-turkish-politics [34] https://armenianweekly.com/2011/05/01/istanbul-armenian-soldier-shot-dead-on-the-96th-anniversary-of-armenian-genocide/ [35] Comme nous l'apprend le Président de Genocide Watch, le docteur Stanton. Cf. https://www.genocidewatch.com/ten-stages-of-genocide [36] https://www.hyestart.net/post/de-la-n%C3%A9cessit%C3%A9-pour-les-ong-de-d%C3%A9fense-des-droits-humains-de-s-engager-contre-le-cancer-du-n%C3%A9ga [37] Voir par exemple: https://www.hup.harvard.edu/catalog.php?isbn=9780674504790 [38] https://en.wikipedia.org/wiki/Ali_Kemal#Death - il est intéressant de relever que l'arrière grand-père de l'actuel Premier ministre a été assassiné par des nationalistes turcs alors qu'il voulait reconnaître le génocide [39] https://www.hyestart.net/post/de-la-n%C3%A9cessit%C3%A9-pour-les-ong-de-d%C3%A9fense-des-droits-humains-de-s-engager-contre-le-cancer-du-n%C3%A9ga

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