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106 éléments trouvés pour «  »

  • "Eclats d'ombre" : le théâtre s'empare des combats de Pinar Selek

    du 3.11.2016 au 17.03.2017 centre dramatique national d'Alsace. Colmar le 17.03.2017 au TNN. Nice texte : LINA PROSA traduction : Jean Paul MANGANARO mise en scène : CHIARA VILLA Créer une oeuvre autour de l'écrivaine et sociologue turque Pinar Selek, alors que cette dernière avait toujours refusé une approche biographique de ses combats, n'était pas chose aisée. Mais la rencontre de trois femmes, Pinar Selek, l'auteure italienne Lina Prosa et la metteur en scène Chiara Villa, va permettre la création de ce très beau spectacle et d'offrir un portrait emblématique de la figure de ceux et celles qui défient les pouvoirs pour défendre la liberté. Il s'agit plus d'une biographie fictive qui met le théâtre en exergue comme espace de liberté et comme une voix possible de la dissidence. La prose poétique et engagée de Lina Prosa fait merveille, l'auteure de la trilogie "Le triptyque du naufrage" ne cesse d'explorer les destins humains au delà des discriminations, des divisions et des chocs culturels et sociaux. Le théâtre n'est d'ailleurs pas étranger à Pinar Selek qui était très connue en Turquie pour son travail avec les enfants des rues avec lesquels elle avait créé un groupe théâtral . Des figures féminines pour dire l'injustice, mais pas d'héroïnes car Pinar se méfie des modèles et des héros qu'elle juge dangereux pour nos sociétés. Les "jongleurs", le décor, l'utilisation de la vidéo par la compagnie de Chiara Villa nous entraînent dans un spectacle de la résistance, car resister n'est ce pas voir l'absurdité des sociétés qui broient l'individu tout en étant ludique et faire d'un spectacle un moment de partage et d'humanité?

  • Le Prix Sakharov 2016 remis à deux Yézidies

    Le parlement européen a remis la prestigieuse distinction à deux anciennes prisonnières yézidies de daech, Nadia Mourad et Lamia Haji Bachar. Depuis 1988 cette distinction honore les défenseurs des droits de l'homme, et permet ainsi de mettre en lumière le sort de la communauté yézidie dont de nombreuses femmes ont été capturées et réduites en esclavage sexuel. Considéré par daech comme des mécréants, ce peuple est marqué par les persécutions. Comme pour les Chrétiens d'Orient, le sort des Yézidis du Sinjar ne semble pas avoir, outre mesure, ému le monde et pourtant les jihadistes ont voulu l'exterminer. Cette population Kurde d'origine, qui pratique une religion syncrétique dans laquelle subsistent des éléments du Zoroastrisme, connait les pires moments de son histoire qui pourtant compte bien des épisodes douloureux, de la confrontation avec l'administration ottomane qui ne les reconnait qu'en 1849 aux conversions forcées d'Abdul Hamid II, jusqu'à la politique d'arabisation du régime de Saddam Hussein. Durant le génocide de 1915, des Arméniens comme des Syriaques seront accueillis et protégés dans certains villages yézidis. Mais comme les Chrétiens d'orient leur existence est menacée. Ce prix remis à ces deux femmes rappelle l'histoire tragique qui s'est déroulée sous nos yeux. Les Yézidis sont une des minorités les plus méprisées et ostracisées. Décapités, crucifiés et massacrés par daech, ce peuple se voit particulièrement frappé au travers des femmes et des filles de la communauté dont Nadia et Lamia sont à présent deux des porte-paroles. On espère donc un "intérêt" réel pour ce génocide, qualification donnée par l'ONU, et pour le sort de ces milliers de femmes violées, battues, humiliées et vendues dans une sorte de marché virtuel aux esclaves, dont un bureau de liaison se serait trouvé à Gaziantep en Turquie. La catastrophe humanitaire est totale et le féminicide avéré. Ce prix est aussi l'occasion d'aborder, encore une fois le sujet des violences sexuelles dans les pays en conflit, considérées comme une composante de la guerre depuis la nuit des temps, elles en sont devenues un sous-produit inévitable. Dans des sociétés ou la vertu féminine est une valeur essentielle, l'agression contre les femmes vise l'honneur des hommes, vise à terroriser les populations qui préfèrent quitter leurs terres et s'ajoute à cela le corollaire des viols et des tortures psychiques et physiques, l'exploitation sexuelle dont l'histoire de ces femmes amène la triste preuve, et ajoute un volet économique à ces drames humains. Le conflit syrien, mais aussi celui d'Irak en 2003, pose un grand nombre de questions. Plus de 270.000 victimes, des millions de déplacés et de réfugiés ne peuvent que questionner l'éthique de ce conflit, le respect des normes humanitaires et ce qui fait société. On estime à dix jours la capacité d'un drame à monopoliser l'attention des médias et par la même de "l'opinion internationale" qui juge donc souvent de manière imprécise les actions qui se déroulent dans le monde. Mais ce qui est certain, c'est que la mort a la même valeur ici et là-bas. Churchill déclarait : "Vous avez voulu éviter la guerre au prix du déshonneur, vous avez le déshonneur et vous aurez la guerre".

  • L'UE, impitoyable pour les retraités grecs défavorisés, reste indulgente envers Ankara

    Cette semaine, les pays de la zone Euro ont décidé de suspendre les mesures d'aménagement de la dette grecque décidées il y a peu, estimant que le gouvernement grec aurait dû les consulter avant d'annoncer une prime aux retraités les plus défavorisés. Quelle intransigeance! Quelle audace! Cette décision démontre malheureusement que l'UE s'éloigne de plus en plus des valeurs cardinales que l'Europe avait progressivement mis en avant depuis la fin de la deuxième guerre mondiale (la paix, la liberté, la démocratie, la prééminence du droit, le respect de la dignité humaine et des droits de l’Homme) afin de n'être plus qu'une entité économique d'inspiration libérale, non démocratique, et impitoyable envers les plus faibles (ici les retraités défavorisés). Car en effet, quel contraste avec l'indulgence dont cette même UE fait preuve avec le régime à la dérive du Président Erdogan. Ignorant le vote de l'instance la plus démocratique de l'UE (le Parlement européen), demandant non pas la fin mais la suspension des négociations d'adhésion de la Turquie à l'UE en raison de ces dérives autoritaires insupportables (n'en faisons pas ici la liste, elles sont bien connues), l'exécutif de l'UE a en effet décidé de maintenir en l'état ces négociations d'adhésion. Rien n'y fait. Les violations massives des droits humains ne justifient pas pour les gouvernements européens un quelconque changement de leur ligne de conduite par rapport à Ankara. La seule ligne rouge semble être l'éventuel rétablissement de la peine de mort par la Turquie. Là l'UE serait de toute façon obligée de réagir car ce rétablissement entrainerait de facto la sortie de la Turquie du Conseil de l'Europe. Loin d'être le "wake up call" nécessaire pour une Europe elle-même à la dérive, le Brexit semble bien avoir été le prélude à un effondrement généralisé des valeurs dites européennes au coeur même de la "vieille Europe".

  • Une expo londonienne extirpe l'expérience génocidaire du passé de Gorky

    La Royal Academy of Arts de Londres propose une exposition intéressante intitulée « abstract expressionism » (expressionnisme abstrait) jusqu’au 2 janvier 2017. Cette exposition retrace l’histoire du mouvement et présente les œuvres de ses plus grands représentants : Rothko, Pollock, de Kooning, Still ou encore Gorky. Le sponsor principal de l’exposition, une grande banque française, indique dans son message de soutien qu’elle « valorise le rôle important que les arts jouent en contribuant à façonner la façon dont nous percevons la société ». Cette déclaration en apparence pleine de bon sens aurait de quoi faire sourire si l’on ne se pas rendait compte de ce que l’exposition dit, ou plutôt ne dit pas, sur la vie d’Arshile Gorky. C’est en effet avec Gorky (1904 – 1948) que le bât blesse. Alors que le dénominateur commun des représentants de ce mouvement (« l’expérience partagée des deux guerres mondiales, de la grande dépression, de la guerre civile espagnole, des ravages provoqués par les bombes atomiques et de la guerre froide ») est largement mis en avant, la partie consacrée à Gorky, si elle indique qu’il est né en Arménie en 1904, passe complètement sous silence le fait que cet artiste majeur ait vécu le génocide des Arméniens de 1915. Ce faisant, l’exposition nie tout impact que cette expérience, forcément profondément traumatisante, nécessairement plus fondamentale que tout élément biographique ultérieur, ait pu avoir sur l’art de Gorky. La complexité psychique de l’artiste s’en retrouve complètement édulcorée. Par ailleurs, « abstract expressionism » attribue à « une série d’événements tragiques » qui commencèrent en 1946 par l’incendie de son studio dans le Connecticut un impact sur son art qui serait, dès lors, devenu « sombre », « élégiaque ». Si ces événements tragiques commençant en 1946 ont eu une influence si forte sur son expression artistique, il apparaît d’autant plus étonnant de passer sous silence le génocide de 1915, alors même que la littérature sur Gorky des 20 dernières années attribue un rôle majeur au génocide de 1915 sur la vie de Gorky et sur sa carrière d’artiste[1]. Pour beaucoup d’auteurs, le drame du génocide, qu’il cachait, ainsi que son désespoir, n’ont connu leur véritable expression que dans son art propre. Enfin, pour l’exposition, l’impact du génocide des Arméniens ne peut, par définition, avoir joué aucun rôle sur le suicide de l’artiste. Pour la simple raison qu’il n’est pas cité une seule fois dans la littérature accompagnant l’exposition. Rappelons ici, à titre de seul exemple, que suite au génocide des Arméniens, la mère de l’artiste est morte de faim. Peut-on attribuer ce silence complaisant sur le génocide des Arméniens à une alliance de circonstance entre les intérêts d’une banque internationale très bien implantée dans un pays dont l’Etat nie de manière orchestrée et acharnée le génocide des Arméniens depuis des décennies, et une institution britannique aujourd’hui indépendante, mais historiquement lié à un Etat (le Royaume-Uni) qui est l’un des plus fidèles alliés d’Ankara dans sa politique de négation? Au visiteur et au lecteur de se faire une opinion. [1] Achilles the Bitter : Gorky and the Genocide (Angela Miller), Oxford Art Journal, Novembre 2010

  • Un documentaire syro-arménien primé à Turin

    Le film d'Avo Kaprealian, "Houses without doors", vient d'être primé au festival du film de Turin. Entre long métrage et documentaire, le film est tourné du balcon de l'appartement familial du quartier arménien d'Alep, tableau désabusé d'une communauté ancrée depuis le moyen âge dans cette ville. Le cinéaste Arméno-Syrien capture la vie quotidienne, la peur et l'incertitude qui gagne la ville. Le père qui reproche à son fils de mettre la famille en danger et la mère qui le soutient en se confiant sans restriction devant la caméra participe de cette histoire d'amour, de mort et d'exil dont le peuple arménien est coutumier. Entre "homeland" et "l'eau argentée", films qui racontent les conflits d'Irak et de Syrie, le film d'Avo Kaprealian met l'accent, sans concessions, sur les réactions face à un conflit. Ce n'est pas tant la guerre elle-même qui est décrite, mais la réaction des humains et les tragédies qui découlent de cette folie meurtrière. C'est une réflexion complexe et esthétiquement raffinée sur l'art de filmer un événement en devenir, lui restituant le sens et la profondeur de l'histoire. Utilisant parfaitement un matériel audiovisuel, notamment des documents d'archive, Avo Kaprealian réussit à faire comprendre pourquoi pour la communauté arménienne d'Alep, cette guerre, ces départs forcés vers l'exil sont la mémoire ravivée de l'exode de 1915 et de la fuite pour la survie. Son film raconte l'archive, mais pas seulement. Au travers du présent agonisant de tout son pays, il permet de mettre en imaginaire une expérience vécue et pénible. Le peuple Syrien devient ainsi le nouveau "prototype" de l'anéantissement au 21 ème siècle, pris au piège d'une guerre qui oscille entre guerre froide par procuration dans un monde multipolaire, silence embarrassé des occidentaux pour ce conflit "peu présentable" et la tragédie humaine de tout un pays.

  • De l'importance de la démocratisation des institutions arméniennes en Diaspora

    Intervention à l’occasion d’un débat célébrant le 30ème anniversaire du journal Artzakank «Arménie-Diaspora : quelles perspectives ?» Centre arménien de Troinex, le 25 novembre 2016 I: Introduction: A mon sens, la plus importante question qui est posée, lorsque l’on débat de l’avenir de la diaspora arménienne, en Suisse, et de son rapport à la République d’Arménie, est celle du cadre démocratique. Si l’on souhaitait par ailleurs dégager des priorités pour la communauté arménienne de Suisse (c’est l’une des questions posées ici ce soir), il faudrait, à mon avis, nécessairement en passer par une démocratisation de nos institutions. Cela permettrait à la fois d’être plus crédible et plus fort dans les relations de cette communauté à la République d’Arménie. A quoi pourrait ressembler la démocratisation de nos institutions ? Les Français d’origine arménienne ont essayé, il y a quelques années de cela, de démocratiser leurs institutions, mais se sont malheureusement arrêtés au milieu du gué. La communauté arménienne de Suisse ne pourrait-elle pas reprendre le flambeau et concrétiser cette belle idée de la démocratisation des institutions de la communauté, servant ainsi de modèle aux autres communautés de la Diaspora ? II: L’expérience française non-aboutie du Conseil franco-arménien (CFA) Tout d’abord, il me faut rappeler l’expérience française ici en quelques mots. Le Conseil de Coordination des organisations arméniennes de France (CCAF) avait lancé en 2008 le projet de Conseil franco-arménien (CFA) afin de «réactiver la diaspora arménienne de France», de «reconstruire un collectif dispersé», de «favoriser une approche inclusive de l’identité arménienne» ou encore de «redonner à notre jeunesse l’espoir d’une politique assumée». Il s’agissait d’introduire le suffrage universel (un homme/une femme, une voix) pour élire les représentants des Français d’origine arménienne. Autrement dit, il s’agissait d’organiser un vote par un collège électoral composé de Franco-arméniens. L’idée étant, d’après les promoteurs du projet, de «replacer l’individu au cœur du processus démocratique, à côté du tissu associatif». Le CFA devait être «l’instance représentative des Français d’origine arménienne auprès des autorités françaises et de la République d’Arménie». Pour ses promoteurs, la force de ce projet résidait dans le fait «d’ouvrir la porte à tous ceux et à toutes celles qui sont restés en dehors des associations» et «apporteront par leur vote et peut-être leur candidature un élan supplémentaire à la communauté». Pour Ara Toranian, il s’agissait de «passer d’un mode d’organisation féodale, clanique, fonctionnant en circuit fermé et coupé de la masse des individus, à un système démocratique ouvert, transparent, porteur de vie et d’espoir, permettant à chacun de se présenter ou de faire valoir ses choix». Les promoteurs du projet s’étaient donnés une année pour constituer le collège électoral. Chaque électeur allait devoir payer 20 euros au moment de l’inscription. La constitution et la validation des listes électorales (basée sur des projets) devait durer deux mois, la campagne électorale 45 jours. La France allait être découpée en 3 circonscriptions : Nord, Centre, Sud. Il allait y avoir 6 conditions pour pouvoir voter : accepter les statuts du CFA être d’ascendance arménienne, ou d’alliance arménienne ou parrainé par une association membre du CFA être Français ou ressortissant d’un pays membre de l’UE ou avoir un titre de séjour valide d’au moins un an être résident de manière effective en France être majeur s’acquitter d’une participation de 20 euros pour 4 ans. Le CFA allait donc être une assemblée élue tous les 4 ans au suffrage direct de listes à la proportionnelle à un tour. Cette assemblée allait se fonder sur 3 conseils régionaux dont le nombre de délégués allait être fixé au prorata du nombre d’électeurs par région. Les délégués élus allaient cumuler les fonctions de délégué national et délégué régional. Les délégués allaient ensuite élire le bureau du CFA (avec un président, un trésorier etc.). Le Conseil national du CCAF a adopté le projet de CFA à l’unanimité en novembre 2010, mais le projet, qui devait encore être validé par les trois CCAF régionaux, n’a jamais vu le jour. Faut-il chercher les raisons de l’échec de ce projet dans le seuil minimal à atteindre pour l’organisation des élections (à savoir 10000 inscriptions sur les listes électorales) ? Etait-ce trop peu dans le contexte français ? Etait-ce au contraire trop ? Faut-il rechercher l’échec dans l’obstruction de certaines associations au plan régional qui ont pris en grippe un projet qui leur aurait enlevé du pouvoir au profit de l’individu ou plutôt du citoyen ? III: La Suisse, pays idéal pour parachever l’expérience inaboutie du CFA et servir de modèle aux autres communautés arméniennes: «J’ai ouvert les yeux et le monde m’est apparu bien trop étroit». Telle est la première phrase du «Chasseur» de Viken Klag (Garo Sassouni) qui y raconte son enfance dans le Sassoun. A mon avis, s’organiser démocratiquement serait le meilleur moyen d’attirer la jeunesse, de lui offrir la possibilité d’un monde moins «étroit», plus ouvert, plus diversifié et dans lequel elle aurait non seulement toute sa place, mais aurait conscience qu’on la valorise et lui donne toute sa place. Ne pourrait-on pas, par exemple, imaginer des listes de jeunes qui se présenteraient aux électeurs et aux électrices avec un projet qui les intéresse ? Ou inversement, une liste pas forcément jeune qui présenterait un projet susceptible d’intéresser les jeunes? Au-delà, ne pourrait-on pas imaginer une liste qui mettrait l’accent sur la nécessaire démocratisation de l’Arménie, sur l'importance de l'Etat de droit, de la tenue d'élections libres et justes et sur la défense des droits de l’homme en Arménie ? Une autre liste au contraire mettant l’accent sur la reconnaissance du génocide et la lutte contre le négationnisme et le racisme en Europe ou encore sur la nécessaire démocratisation de la Turquie dans une convergence des luttes avec les autres minorités ? Un tel projet en Suisse, pays démocratique s’il en est, permettrait de : dépasser un mode de fonctionnement «féodal» (Toranian) dans lequel les pouvoirs sont alloués par tradition à un tel ou un tel (en rabattant les cartes de manière égalitaire entre toutes et tous et en mettant en place un système dans lequel ce n’est pas nécessairement la loi du plus fort et celle de l'héritage) renouveller et élargir le pool des cadres de la communauté aller au-delà du seul cadre associatif (qui reste malgré tout restreint, pas forcément démocratique dans tous les cas et renvoie à une forme d’engagement bien spécifique) s’adresser directement à la citoyenne, au citoyen, y compris à celle et à celui qui ne parle pas l’Arménien et pour qui l’Arménie n’est parfois qu’un souvenir lointain réactiver et probablement élargir la diaspora arménienne de Suisse. Autrement dit : reconstruire une diaspora dispersée en favorisant une approche inclusive de l’identité arménienne redonner sa place, et peut-être à nouveau susciter l'intérêt de la jeunesse renforcer la représentativité et la légitimité et, par conséquent, le poids de la communauté arménienne de Suisse vis-à-vis des autorités cantonales et fédérales (pour porter, par exemple, des exigences en matière de lutte contre le négationnisme et le racisme) et arméniennes (pour porter notamment des exigences en matière d’avancées démocratiques dans le pays) enfin dégager de manière transparente des priorités claires, légitimes et assumées (répondant ainsi à la question des priorités, des buts de cette communauté). En adoptant un tel modèle démocratique, la communauté arménienne de Suisse disposerait d’un mode de fonctionnement qu’elle pourrait proposer en modèle aux autres communautés nationales de la Diaspora. Y parvenir ne serait sûrement pas facile (l’échec de l’expérience française le démontre amplement). Cela prendrait du temps. Il y aurait beaucoup de travail, d’oppositions même. Mais le jeu en vaut certainement la chandelle, pour toutes les raisons évoquées plus haut. Si les autres pays suivaient, il serait alors possible d’envisager la création, à l’étage supérieur, d’une fédération mondiale des conseils nationaux afin de disposer d’un Conseil mondial des Arméniennes et des Arméniens véritablement représentatif et démocratique. Un tel organisme pourrait dégager des priorités légitimes et aurait une légimité et un poids accrus vis-à-vis des pouvoirs publics nationaux, régionaux et internationaux. IV: Conclusion: En conclusion, je tiens à souligner qu'il ne s'agit pas ici pour moi d'attaquer le milieu associatif pour lequel j'ai le plus grand respect, mais simplement de faire une proposition, peut-être même de lancer le débat dans l'esprit d'une presse (et d'un journal comme Artzakank que je remercie d'organiser le débat ici ce soir) dont c'est éminemment le rôle de lancer de tels débats. Enfin, je veux ici lancer un appel: n'ayons pas peur de la démocratie. Bien au contraire, la démocratie, qui est certainement une voie exigente, peut aussi être la meilleure voie d'une nouvelle espérance pour un renouveau enfin à portée de main.

  • Hyestart soutient une déclaration de la société civile demandant aux Nations Unies de maintenir un p

    Déclaration commune de la société civile au 3ème comité Excellences, Nous vous demandons instamment de rejeter la tentative faite par certains États lors de la Troisième Commission de l'Assemblée Générale des Nations Unies de reporter l'examen de certaines parties du rapport du Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies. En tant qu'organisations de la société civile issues de toutes les régions du monde, nous nous en remettons vers le Conseil des droits de l'Homme pour la protection des droits humains de tous. Chaque année, après de longues délibérations, des débats et des négociations de fond, le Conseil adopte de nombreuses résolutions, des groupes spéciaux, des rapports, des procédures spéciales, des commissions d'enquête et d'autres outils et mécanismes.La résolution A / C.3 / 71 / L.46 propose de créer un inquiétant précédent. Si la Troisième Commission pouvait rouvrir le rapport annuel du Conseil et choisir les résolutions qu'elle soutient et celles qu'elle entend bloquer, même sous couvert de report, elle porterait alors gravement atteinte au pouvoir conféré au Conseil des Droits de l’Homme par l'Assemblée Générale des Nations Unies. En effet, toutes les résolutions du Conseil des Droits de l’Homme risqueraient ainsi d’être renégociées et redébattues chaque année par la 3ème Commission, ce qui aurait des conséquences majeures, bien au-delà de la résolution actuellement à l'étude. Bien que la résolution proposée vise spécifiquement la création par le Conseil des Droits de l’Homme, au cours de sa session de juin, d'un expert indépendant chargé de traiter la violence et la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre, le même raisonnement pourrait s'appliquer à tout moment, à toute décision prise par le Conseil. La création d'une procédure spéciale à la session de juin relevait entièrement du mandat et de l'autorité du Conseil. Elle se fondait sur les conclusions de deux rapports A / HRC / 19/41 et A / HRC / 29/23 que le Conseil avait demandé au Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l'Homme. Le Conseil a conclu que la protection contre la violence et la discrimination fondée sur l'orientation sexuelle et l'identité de genre méritait une attention particulière. Un titulaire de mandat a été nommé sans vote à la session de septembre et il a déjà pris ses fonctions et a commencé son travail à compter du 1er novembre 2016. De ce fait il n'y a aucune raison d'empêcher le titulaire du mandat de poursuivre son important travail.La suggestion selon laquelle il est nécessaire d'examiner la base juridique du mandat est clairement un prétexte. Les États qui en sont à l’origine ont déjà fait des déclarations publiques au Conseil indiquant qu'ils ne reconnaissent pas et n'ont pas l'intention de coopérer avec le nouveau titulaire du mandat en aucune circonstance. La base juridique du mandat est exactement la même que la base juridique sur laquelle les trois résolutions d'orientation sexuelle et d'identité de genre (SOGI) adoptées par le Conseil ont été fondées, y compris celle présentée par l'Afrique du Sud en 2011. La création de l'Expert indépendant ne vise pas à créer de nouvelles normes, mais simplement à tenir compte, dans le cadre existant prévu par le droit international relatif aux droits de l'Homme, d'un écart de protection pour les personnes victimes de violence et de discrimination fondée sur leur orientation sexuelle et leur identité de genre. Le Conseil a créé ces dernières années des mandats de procédures spéciales axés sur la discrimination systémique, la marginalisation et les violations d'un certain nombre de populations qui n'ont pas de référence explicite dans la Déclaration universelle des droits de l'Homme, comme les personnes souffrant d'albinisme et les personnes âgées. Nous encourageons les États à appuyer l'amendement des pays d'Amérique latine et des Caraïbes (ALC) et nous demandons à tous les États de soutenir et de défendre l'intégrité institutionnelle du système des droits de l'Homme des Nations Unies. Cordiales Salutations

  • Appel urgent aux Nations unies pour la libération de l'écrivaine Asli Erdogan

    Alors que David Kay, le rapporteur spécial des Nations Unies sur la liberté d'expression, effectue une visite en Turquie cette semaine (jusqu'au 18), Hyestart lui a demandé d'oeuvrer au plus vite à la libération de l'écrivaine Asli Erdogan. Dear Mr. Kaye, In view of your current country visit to Turkey, we, as an organization promoting cultural democracy in Armenia and the neighbouring countries, including Turkey, are taking this opportunity to urge you to call on the Turkish authorities to release the prominent Turkish writer Aslı Erdoğan as soon as possible. Ms. Erdoğan was arrested on 17 August 2016 regarding her role as a columnist and as a member of the Editorial Consultative Committee of the now closed, allegedly pro-Kurdish, Ozgür Gündem daily. According to the Prosecutor in charge of her case, four of her articles provide evidence of the crimes of “disrupting the unity and integrity of the State” and “being a member of an armed terrorist organization”, which is unsupported by the facts, as proved by Ms. Erdoğan's lawyer. On 5 September 2016, an Istanbul court rejected Ms. Erdoğan's appeal and she is still being detained. Ms. Erdoğan's health condition is fragile as she suffers from various chronic diseases. During the initial days of her detention, she was held in poor prison conditions and denied essential medication and water. Her detention conditions, although somewhat improved, are still of grave concern. Although the four articles held against her may be perceived as offending the authorities, they should all be considered a legal and legitimate manifestation of Ms. Erdoğan 's right to freedom of opinion and expression under Article 10 of the ECHR to which Turkey is a party. Ms. Erdoğan did not in any way call for violence or praise violence or do propaganda for an armed organization. She merely shared her thoughts as a concerned citizen. Aslı Erdoğan is a writer who has a stance against violence and who is domestically and internationally acclaimed for her work promoting democracy and human rights. Her articles and books have been translated into 17 languages and she is a prominent figure in world literature. Ms. Erdoğan has been very sensitive about human rights violations not just in Turkey but all around the world. She received a number of awards, both in Turkey and abroad. Aslı Erdoğan’s letter to Swiss Radio and Television provides her own rebuttal of the charges held against her and her description of her arrest and detention. We should all read it. It is available here: http://www.srf.ch/news/international/vergesst-mich-nicht-und-meine-buecher-es-sind-meine-kinder Many freedom of expressions groups (including PEN International), both within and outside of Turkey, support the release of Ms. Aslı Erdoğan. We appeal to you to call on the Turkish authorities to release Aslı Erdoğan as soon as possible. We thank you sincerely for your consideration of this urgent appeal. Best regards, Hyestart

  • Ce qu'Hyestart entend par "politique"

    Je crois d'un bon citoyen de préférer les paroles qui sauvent aux paroles qui plaisent" Demosthène "Résistance et obéissance ,voila les deux vertus du citoyen. Par l'obéissance il assure l'ordre, par la resistance il assure la liberté" Alain En questionnant le déplacement des frontières qui séparent l'art du social, on peut constater que l'expérimentation de nouveaux champs artistiques ou le développement de la créativité permettent de recomposer l'espace politique ou du moins, de déterminer les questions et les enjeux liés à la démocratie culturelle, à la démocratisation de la culture et à la gouvernance. Par démocratie culturelle, il ne faut pas entendre un cadre d'activités attaché exclusivement au secteur culturel, mais une sphère de travail pour des domaines sociaux et des secteurs d'enjeux à l'échelle locale, régionale ou trans-nationale comme dans le cas arménien. Il ne s'agit pas de questionner les gouvernements, mais la gouvernance. A savoir les moyens de créer des approches d'élaboration de politiques non hiérarchiques et collaboratives parmi les acteurs civiques. Favoriser le partage du sensible, du réel, du regard social à travers les actes esthétiques est un enjeu essentiel, à l'origine de toute émancipation possible d'une communauté. Peu à peu, à travers un tissus de perceptions et de discours, qui ne relèvent plus seulement de la tradition ou de la coutume, se mettent en place de nouvelles idées et permettent l'existence ou l'apparition de groupes qui existent au-delà de toute identification préétablie. Ainsi dans l'écriture, la possibilité de mettre en fiction plus que de critiquer rend opératoire un nouveau partage du sensible. Il ne s'agit pas de mettre en place un programme d'éducation culturelle, mais de mettre les individus en possession d'une culture évolutive qui peut déboucher sur la mise en place d'une "identité subjective". Il s'agit plus de mettre les personnes en situation de se servir de leur propre production culturelle pour s'inventer des modalités d'évolution sociale, politique ou esthétique. Par politique, HYESTART entend le souci de la chose commune. Le droit à l'expression des différences entraîne des modalités différentes d'expression et, par là, peut faire émerger et proposer des alternatives à une société. Aujourd'hui pour les Arméniens, par exemple, qu'ils soient d'Arménie ou de diaspora se posent un certain nombre de problèmes : la guerre du Karabagh, les évènements de juillet 2016, le rapport à la mémoire, l'émigration massive, etc... Mais l'on constate qu'il y a dans la manière d'aborder ces thématiques un trait commun: l'invariabilité (la différence entre tradition et coutume). Le passé tragique de notre peuple, le passé soviétique d'une partie de ce peuple arménien semble toujours imposer des pratiques stables, normatives, même si l'on rencontre des changements spectaculaires en Arménie; il n'en reste pas moins que tout changement, toute innovation se heurte à une " continuité " sociale, à une loi "naturelle" telles qu'elles s'exprimeraient dans notre histoire. La prise de conscience de la citoyenneté se fait seulement aux moments de rituels comme les élections ou les commémorations, mais être citoyen, c'est une appartenance, autre que simplement nationale, à une collectivité qui entraîne des responsabilités, mais aussi des droits dans laquelle le processus participatif est essentiel. Aussi HYESTART appréhende la culture comme ressource stratégique susceptible de concilier les défis d'une diversité croissante et la complexité de la vie quotidienne en Arménie et dans la région. La culture envisagée de façon multidimensionnelle (arts/traditions/patrimoines/genre...) peut donner des outils conceptuels qui produisent des effets sociaux en renforçant la capacité citoyenne.

  • Les ONG arméniennes de Suisse demandent aux autorités arméniennes de lancer de grandes réformes au p

    Voici un texte important des associations arméniennes de Suisse sur les nécessaires réformes à mener en Arménie auquel Hyestart, qui n’existait pas formellement lors de sa publication, a contribué et soutient fermement. PRESS RELEASE August 10, 2016 For immediate release SWISS ARMENIAN ORGANIZATIONS URGE AUTHORITIES OF OUR HOMELAND TO LAUNCH COMPREHENSIVE REFORMS IN ARMENIA IN KEY AREAS WITHOUT DELAY We, the undersigned Armenian organizations in Switzerland, have closely followed with deep pain and sorrow the shocking events that started in Yerevan on July 17th and ended on July 31st. We consider that many factors have led to this crisis: serious and systematic human rights violations carried out with total impunity, the lack of democratic processes and weak and ineffective democratic institutions, including serious flaws in ensuring democratic elections, massive corruption, the lack of transparency in negotiation processes and of a principled stance regarding the Artsakh issue, and the absence of serious and systemic reforms to improve economic and social conditions in the country. At the same time, we reckon that the Constitution of the Republic of Armenia should be respected, that solutions could not be achieved through illegal means and we deeply regret the loss of human lives (two policemen and one peaceful citizen). We were shocked to observe that the Armenian police used excessive and disproportionate force, violence, intimidation and other unlawful actions against peaceful demonstrators and journalists that have resulted in massive human rightsviolationsbetweenJuly17th and31st,withapeakonJuly29th.Thatnight,at least 12 journalists were injured. We condemn the attacks on freedom of expression and peaceful demonstrations. Overall, we are deeply concerned that the authorities of our homeland remained silent during two critical weeks, showing a lack of political will to handle this situation through democratic and peaceful means. In the total absence of involvement of the legislative and other executive bodies, the police appeared to be the only state institution responding to the crisis. While welcoming the decision of "Sasna Tzrer" to end its armed resistance, we urge the authorities to ensure that an effective and impartial investigation is conducted into the dramatic events of July 17-31 to bring perpetrators of human rights violations to justice in line with the international human rights obligations of Armenia. Moreover, we call for an end to impunity for police violence against journalists and peaceful protestors in Armenia. We hope that the authorities will demonstrate political wisdom and refrain from witch-hunts, which could only exacerbate the situation. We also call upon the authorities to put an end to massive scale pressure and intimidation against political opposition, and unconditionally release all the peaceful demonstrators and opposition figures who were arbitrarily arrested in the context of the above-mentioned events. We take note of the speech of President Sargsyan on August 1st and hope that the authorities of our homeland share our view that the only way out of the ever deepening domestic crisis is to launch without delay fundamental and comprehensive reforms in all spheres of political and economic life in Armenia, including the areas mentioned above, to change the conditions that led to this crisis. Union Arménienne de Suisse (UAS) Switzerland-Armenian Association (SAA) Artzakank – Echo Centre Arménien Hagop D. Topalian de Genève Building an Alternative Future (BAF) Armenischer Schul- und Familienverein Armenischer Verein Zürich Comunità Armena Ticino SEVAK Association Association Blood for Memory ZIRAN Association

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