Zehra Doğan, une journaliste et artiste kurde, a été arrêtée le 21 juillet 2016 après avoir réalisé un tableau qui représente les dégâts causés par l'armée turque à Nusaybin, une ville turque du sud-est à majorité kurde. Elle a été reconnue coupable de «propagande pour une organisation terroriste» (article 7/2 de la loi antiterroriste) et purge actuellement une peine de prison de deux ans, neuf mois et vingt-deux jours.
Avant son emprisonnement, Zehra Doğan travaillait comme journaliste en Turquie. Elle a fondé «Jinha», une agence de presse féministe publiant des articles en anglais, en turc et en kurde. Son emprisonnement est à replacer dans le contexte de répression massive des libertés artistique et d'expression en Turquie. La censure en Turquie ne se limite d'ailleurs pas à l'interdiction de l'expression artistique au travers des seuls moyens légaux, mais comprend aussi les menaces, les pressions, la délégitimation et les discours de haine à l'encontre des artistes, journalistes et écrivains.
Dans le cas de Zehra Doğan, parmi d'autres interventions arbitraires, la notion de sensibilités sociétales ("toplumsal hassasiyetler") a été mise en avant pour limiter sa liberté artistique. Les artistes engagés dans la lutte pour les droits kurdes sont inculpés en vertu de la législation antiterroriste. Cette législation est formulée en des termes si vagues et est si librement interprétée que toutes les expressions culturelles (par exemple linguistiques) et artistiques au sein de la lutte pour les droits kurdes peuvent être interprétées comme étant une propagande séparatiste illégitime.
La liberté d'expression et les droits de la personne sont aujourd'hui plus sérieusement menacés que jamais en Turquie. Pour rappel, les avocats des frères Altan ont été contraints de quitter la salle d'audience alors que leurs clients étaient jugés lundi 13 novembre, accusés d'avoir participé à la tentative de coup d'Etat. Tous deux sont d'éminents journalistes turcs, connus pour leurs articles critiques sur le régime d'Erdoğan. Ce qui s'est passé ce jour n'était qu'une violation supplémentaire de leurs droits à une défense pleine et entière.
Selon la plate-forme du journalisme indépendant, 90 journalistes, écrivains et défenseurs des droits de l'homme comparaîtront devant les tribunaux dans les prochains jours.
N'oublions pas l'arrestation d'Osman Kavala, l'une des figures clés de la culture et de la société civile turques.
En conclusion, nous rejoignons PEN International et d'autres organisations internationales pour demander leur libération immédiate.
Exposition des peintures de Zehra Doğan
« Les yeux grands ouverts ».
Du 24 novembre au 10 décembre 2017
A l’Alhambar. Rue de la Rôtisserie 10 1204 Genève
Organisée par les groupes de Genève d’Amnesty International.
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