Un acte important à la veille de la #COP 29 et le jour du 1er anniversaire du nettoyage ethnique du Haut-Karabagh. L'heure est venue de demander des comptes à l'Azerbaïdjan
Le 19 septembre 2024, jour du premier anniversaire du nettoyage ethnique du Haut-Karabagh, le Conseil administratif de la ville de Genève a appelé à la "libération inconditionnelle" des 23 prisonniers arméniens détenus arbitrairement par l’Azerbaïdjan.
Il y a tout juste un an, à partir du 19 septembre 2023, en pleine Assemblée générale de l'ONU et en quelques jours à peine, plus de 100 000 Arméniens ont été expulsés par la force du Haut-Karabakh, leur terre ancestrale, après un blocus illégal et inhumain de près de dix mois.
Au moins vingt-trois Arméniens, dont d’anciens dirigeants politiques et militaires du Haut-Karabagh, sont toujours détenus illégalement au mépris du droit international humanitaire, tandis que le patrimoine culturel arménien est en train d’être détruit. Ces destructions sont documentées par le Caucasus Heritage Watch des universités de Purdue et de Cornell. En réalité, il y a beaucoup plus de détenus arméniens en Azerbaidjan. Au moins 88 autres. Le sort de ces "disparus de force" est, par la force des choses, beaucoup plus inquiétant encore que celui des prisonniers officiellement reconnus.
Hyestart, qui oeuvre à la libération des prisonniers de guerre arméniens dans le cadre de la campagne Libertas depuis de nombreux mois, ne peut que se réjouir de cet appel du Conseil administratif d'une ville fidèle à sa longue tradition humanitaire et à ses engagements pour la défense des droits humains,
L'exécutif de la ville de Genève rappelle à juste titre dans son communiqué que plusieurs rapports d’ONG et institutions internationales (Human Rights Watch, le Conseil de l’Europe ou le Comité contre la torture de l’ONU) ont alerté sur le recours par l’Azerbaïdjan à la torture et sur les traitements inhumains et dégradants auxquels les prisonniers sont soumis, notamment pour les contraindre à signer des aveux les qualifiant comme terroristes. Cet appel de la ville de Genève vise ainsi à les protéger de tels actes de torture.
Il vise aussi, bien entendu, à obtenir la libération des prisonniers arméniens au plus vite, si possible avant la tenue de la COP29.
Sinon, le risque est grand que l’Azerbaïdjan utilise cet événement international pour blanchir son image de manière définitive. Pour le professeur Thomas Becker, le sommet de la COP29 pourrait bien être la dernière chance pour la communauté internationale de demander des comptes à l'Azerbaïdjan. Pour l'instant des signes contradictoires ont été émis par différents acteurs. De manière assez caricaturale, le Royaume-Uni, sous direction travailliste, vient d'absoudre l'Azerbaijan pour les crimes commis, le Ministre des affaires étrangères David Lammy ayant signifié que l'Azerbaïdjan avait "libéré" ses territoires il y un an. La France et le Canada, en revanche, ont parlé de l'agression azerbaïdjanaise du 19 septembre 2023 en des termes peu amènes. Dans une déclaration du 22 septembre 2024, la ministre des affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, demande notamment la libération de tous les Arméniens arbitrairement détenus en Azerbaïdjan.
La France et le Canada ont tous deux mis en avant le droit au retour des habitants du Haut-Karabagh chez eux, droit au retour consacré par la Cour internationale de Justice. La déclaration canadienne du 22 septembre parle au sujet du Haut-Karabagh de "région peuplée d'Arméniens depuis des siècles" et appelle de ses voeux une "solution politique négociée à la question du Haut-Karabakh" reposant sur "les principes du non-recours à la force, du respect de l’intégrité territoriale et du droit à l’autodétermination dans le cadre de la négociation d’une paix juste et durable pour les peuples de cette région".
La vice-présidente et candidate Kamala Harris a pour sa part déclaré le 21 septembre 2024 qu'un retour des Arméniens du Haut-Karabagh chez eux en toute sécurité était essentiel ("vital") afin de restaurer la "dignité du peuple arménien et la stabilité de la région".
La veille de la décision du Conseil administratif de la ville de Genève, le Conseil des associations arméniennes de Suisse (CAAS), dont Hyestart fait partie, avait appelé le Conseil fédéral à urgemment exiger la libération de tous les otages et prisonniers de guerre arméniens, à demander des comptes à l’Azerbaïdjan pour les crimes de guerre et contre l’humanité commis contre les Arméniens (crimes attestés par de nombreuses organisations, dont l'Association internationale des spécialistes du génocide), et à réaffirmer son soutien au droit des Arméniens du Haut-Karabakh à retourner en toute sécurité dans leur patrie. A la suite du nettoyage ethnique du Haut-Karabagh, des membres de ce qui allait devenir le CAAS avaient rencontré le Conseiller fédéral Cassis afin de lui demander des engagements fermes du Conseil fédéral alors que la Suisse est membre du Conseil de sécurité en 2023 et 2024. Le Conseil fédéral doit maintenant s'inspirer des positions de la ville de Genève, du Canada et de la France.
Si la communauté internationale s'entête à ne pas agir, il est probable que l'Azerbaïdjan, qui occupe déjà 300 km2 de territoire arménien, engagera de nouvelles agressions contre l'Arménie après la COP 29.
La paix exige que l'impunité de l'Azerbaïdjan prenne fin.
Lien vers le communiqué de presse du Conseil administratif de la Ville de Genève (19.9.2024): https://www.geneve.ch/actualites/communiques-presse
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